1) La famille de Jésus était originaire de Nazareth.
Tout d’abord, il est improbable que la famille de Jésus ait disposé d’un tombeau taillé dans le roc, car seul les plus riches pouvaient se le permettre. La famille de Jésus n’en avait pas les moyens.
Et si la famille aurait quand-même eu un tombeau familial, alors c’était à Nazareth où elle résidait. Ceux qui construisaient des tombeaux le faisaient proche de la ville où ils résidaient. La découverte récente du tombeau d’Hérode en est un bon exemple. Le défunt devait être enterré dans les 24 heures après le décès : impossible de parcourir les plus de 100 km de Nazareth à Jérusalem pour y être enterré. S’il y avait un tombeau familial, c’était en Galilée.
2) L’ensevelissement dans le tombeau de Joseph d’Arimathée prouve que la famille de Jésus n’avait pas de tombeau à Jérusalem.
Si la famille de Jésus disposait d’un tombeau à Jérusalem, c’est là qu’il aurait été enterré. Le fait que son corps ait été placé dans le tombeau de Joseph d’Arimathée, prouve que la famille de Jésus n’avait pas de caveau dans les alentours. D’autre part, la loi juive permettait de se servir temporairement d’un caveau avant d’enterrer le défunt ailleurs. Sans tombeau familial dans les alentours, les disciples auraient pu enterrer le corps de Jésus en pleine terre quelques jours plus tard. Mais dans ce cas, les os n’étaient jamais déterrés pour être placé dans un ossuaire. L’ensevelissement du corps de Jésus dans le tombeau de Joseph d’Arimathée (admis par tous), rend toute découverte d’un ossuaire de Jésus à Jérusalem totalement impossible !
3) L’ossuaire de « Mariamenou » n’a pas appartenu à Marie-Madeleine.
L’étude récente du professeur Pfann lit l’inscription « Mariame et Mara ». « Mariame » est une variante du nom « Marie » portée par 21,4 % des femmes, et « Mara » est une abréviation de « Martha », nom porté par 6,1 % des femmes. Il s’agit donc d’un ossuaire ayant contenu les restes de deux femmes décédées à des moments différents. A Jérusalem, des milliers de femmes s’appelaient « Marie ». Rien n’indique l’origine araméenne de Migdal d’où provenait Marie-Madeleine, rien n’indique son milieu araméen (l’inscription est en grec).
M. Jacobovici se base sur les Actes de l’apôtre Philippe pour identifier l’ancienne lecture « Mariamenou » à « Mariamne » qui, selon lui, n’est autre que Marie-Madeleine. Cette identification pose plusieurs problèmes : Marie-Madeleine aurait été plus que centenaire puisque "Mariamne" est décédée après l'an 105 de notre ère, et comment peut-elle avoir été placée dans un ossuaire à telle date tardive, car cette pratique a disparu depuis la destruction de Jérusalem en l'an 70 (affirmé par les auteurs, p. 39) ! D’autre part, cette « Mariamne » était supérieure aux autres apôtres car elle ne s’est pas livrée à la procréation ! Son image ne correspond donc pas à l'épouse de Jésus ou à la mère de Juda. Finalement, l’affirmation de son décès à Jérusalem par M. Jacobovici est fausse (p. 275) : les Actes de Philippe (Martyre 42, p. 240) mentionnent uniquement que "Marianne (partit) vers le fleuve Jourdain.".
4) L’ossuaire de « Mariah » n’a pas appartenu à Marie la mère de Jésus si le nom est d'origine latine.
Les auteurs prétendent que l’inscription du nom « Mariah » est la version latine du nom biblique Myriam en lettres hébraïques. Dans les Evangiles, Marie est pourtant souvent nommée de son nom hébraïque « Mariam ». C’est ainsi qu’on l’appelait manifestement dans la vie de tous les jours (cf. Matthieu 13 : 55). En Israël il n’y avait pas de mini-Vatican avant la lettre qui se servait du Latin. Dans la famille de Jésus et parmi ses disciples, l’Araméen était la langue parlée. Le Latin était la langue des occupants romains : impossible que le nom de Marie ait été d’origine latine. Dans l'optique de l'origine latine de M. Jacobovici, il est exclu que cet ossuaire ait appartenu à Marie, la mère de Jésus !
5) Sur 9 noms, au plus 5 correspondent à la famille de Jésus et 4 ne conviennent pas.
Bien que le premier nom de l’inscription « Jésus fils de Joseph » soit contesté, nous le maintenons comme une possibilité. Le nom de Joseph correspond au père de Jésus, et bien que l’identification de « Josah » avec « Joses » (frère de Jésus en Marc 6 : 3) soit problématique, ce nom est une variante du nom de Joseph et nous l’acceptons. En outre, nous admettons la possibilité que le nom « Mariah » soit une translittération à partir du Grec, ce qui convient pour la mère de Jésus. La lecture « Mariamenou » est abandonnée et a été remplacée par « Marie et Mara ». Cette « Marie » peut trouver sa place dans la famille de Jésus, p.ex. la femme de Clopas, qui selon certaines traditions était le frère de Joseph (Jean 19 : 25). Etant le plus large que possible, nous trouvons au plus 5 noms qui correspondent à la famille de Jésus de Nazareth.
En même temps, le nom de l’ossuaire de « Matia » et « Juda fils de Jésus » ne correspondent pas à la famille de Nazareth. Remarquez bien que ce "Jésus" ne correspond pas à la personne de Jésus de Nazareth : nous comptabilisons son nom parmi ceux qui ne conviennent pas. Finalement, le nom de « Mara » est inconnu dans la famille de Jésus. En total 4 noms posent problème dans la famille du Christ.
Le résultat est très contrasté : 5 noms positifs et 4 négatifs ! Comment expliquer autant de noms qui ne conviennent pas dans la famille de Jésus ?
6) Aucun ossuaire n’a la moindre indication d’une origine galiléenne.
Le professeur L.Y. Rahmani, a constaté que quand quelqu’un qui n’était pas originaire de la région était enterré dans un tombeau de Jérusalem, son lieu de provenance était indiquée, p.ex. Simon de Ptolémaïs. Si le tombeau de Talpiot appartenait à la famille de Jésus, au moins plusieurs ossuaires devraient indiquer son lieu d’origine : Jésus de Nazareth, Marie de Magdala, … Ou aucun ossuaire ne porte la moindre indication d’une localité non-Judéenne. Cette absence totale indique que le tombeau appartenait à une famille originaire de Jérusalem !
7) La probabilité d’avoir trouvé le tombeau de Jésus ne se situe qu'entre 0 % et 0,94 %.
Le professeur de statistiques Andrey Feuerverger a calculé une probabilité de 1 sur 600 que ce tombeau ne soit pas celui de Jésus. Dans ses calculs de probabilité il a supposé que « Mariah » doit être identifiée à « Marie » mère de Jésus, « Mariamenou » à Marie-Madeleine et il ne tient aucun compte du doute quant au nom de « Jésus ». Nous avons corrigé le calcul par la suppression du facteur « Mariamenou » et la division par deux du facteur « Jésus » pour intégrer l’élément du doute. Nous avons ainsi obtenu une probabilité de 59,84 % que ce tombeau soit celui de Jésus.
En plus, nous devons intégrer le fait que sur aucun des ossuaires le lieu d’origine n’ait été indiqué. La logique est de multiplier le résultat de 59,84 % avec la probabilité de l’oubli du lieu d’origine sur chaque ossuaire. Nous avons retenu le chiffre le plus médian de 50 % (pour chaque inscription du lieu d’origine il y a eu un oubli sur un autre ossuaire). Dans ce cas, nous obtenons la probabilité de 59,84 % x 50 % x 50 % x 50 % x 50 % x 50% x 50 % = 0,94 %. Ce chiffre ne tient pas compte de la probabilité de la non-vérification par les Juifs dans le tombeau familial lors de la découverte du tombeau vide de Joseph d’Arimathée ainsi que d’autres facteurs. Dans tous les cas de figure, la probabilité que le tombeau de Talpiot soit celui de la famille de Jésus est inférieure à 0,94 %. Tenant compte du facteur que les Juifs auraient presque certainement vérifié dans le tombeau familial si le corps de Jésus ne s’y trouvait pas, nous pensons que la probabilité se situe entre 0 et 0,11 %.
8) Les analyses de l’ADN ne prouvent rien du tout.
Seul l’ADN mitochondrial des ossuaires de « Jésus fils de Joseph » et de « Mariamenou » a été analysé. Le résultat est que ces deux personnes n’avaient pas de relation par leur mère, ils n’étaient donc ni mère et fils, ni sœur et frère. La conclusion présentée par le livre/documentaire est qu’ils étaient mariés.
Ou, tout en respectant le résultat des analyses bien d’autres relations étaient possibles : « Mariamenou » pouvait aussi bien être demi-sœur, belle-sœur, tante, cousine du côté paternel, ou nièce par rapport à « Jésus ». Il est donc improbable qu’ils étaient mariés. Pourquoi l’ADN des autres ossuaires n’a-t-il pas été examiné, y compris celui de Jacques dont Mr. Jacobovici atteste la présence d’ossements dont les traces sont connues ? Ce travail est tout sauf un travail d’experts !
9) Si l’ossuaire de Jacques a fait partie de ce tombeau, alors il le disqualifie.
L'équipe de Mr. Jacobovici a analysé la patine des parois de l’ossuaire de Jacques, des autres ossuaires et des murs du tombeau de Talpiot pour démontrer qu’ils ont tous une signature commune. Puis il l’a comparée avec des patines d’ossuaires venant d’autres tombeaux, révélant une signature différente. Ainsi, il pense avoir prouvé que l’ossuaire de Jacques provenait du tombeau de Talpiot. Dans ce cas, la probabilité serait de 50 fois plus élevé qu’il s’agisse du tombeau de Jésus.
Il y a pourtant un grand problème. L’historien Hégésippe écrit au 2e siècle que Jacques, lapidé en l’an 62, a été enterré en pleine terre, pas dans un tombeau dans les rochers. Ces ossements n’étaient jamais déterrés pour être placés dans un ossuaire. De son temps, une stèle marquait toujours l’endroit où Jacques était enterré. C’était juste en face du temple de Jérusalem. Ou le tombeau de Talpiot se trouve à plus de 2 km de Jérusalem, à un endroit d’où il est impossible de voir la ville. Conclusion : l’ossuaire de Jacques n’est pas celui de Jacques le frère du Seigneur. S’il se trouvait dans le tombeau de Talpiot, il le disqualifie comme tombeau de la famille de Jésus !
10) Si Jésus était enterré dans ce tombeau, il n’y aurait jamais eu de religion chrétienne.
Le tombeau de Talpiot était grand et connu. Tous les habitants de Jérusalem savaient à quelle famille il appartenait. S’il avait appartenu à la famille de Jésus, c’est là que les autorités de Jérusalem se seraient rendues dès le matin de Pâques pour effectuer leurs recherches. Cela ne leur aurait pas pris une heure pour vérifier que le corps de Jésus était bien couché sur un des lits funéraires (les os étaient placés dans l’ossuaire un an plus tard). Si Talpiot était le tombeau de la famille de Jésus, les autorités juives n’ont pas pu ne pas aller vérifier sur place et il n’y aurait jamais eu de religion chrétienne.
11) Il est impensable que des disciples qui avaient volé le corps, aient proclamé avec autant de conviction la résurrection de Jésus.
Pour M. Jacobovici, les disciples auraient déplacé le corps de Jésus juste avant l’arrivée de la garde romaine. Dans ce cas, ils savaient que Jésus était toujours mort. Alors, comment ces hommes ont-ils pu proclamer avec autant de conviction la résurrection de Jésus-Christ ? Pierre l’a annoncée avec passion depuis le jour de la Pentecôte (Actes 2 : 24 – 32) et encore 30 ans plus tard (1 Pierre 1 : 3 etc…). Un médecin allemand non-chrétien, le Dr. D.F. Strauss, avoue : L’historien doit se rendre compte que les disciples croyaient vraiment que Jésus était ressuscité.
Et il y a plus pertinent : tous les 11 apôtres auraient-ils proclamé un mensonge tout le long de leur vie ? Dix d’entre eux sont morts martyrs : comment expliquer qu’aucun d’eux ne soit revenu sur ses déclarations, ne fut-ce que pour sauver sa vie ? Tous seraient mort dans le mensonge : est-ce probable, est-ce conforme à l’enseignement de Jésus (Matthieu 5 : 27, Jean 8 : 44, 14 : 6) ?
Devant toutes ces évidences, il est impossible de maintenir que ce tombeau ait contenu les restes de la famille de Jésus de Nazareth. Pas étonnant que de nombreux spécialistes ont abandonné ce Titanic en perdition. Le professeur Stephen Pfann dont le nom figure sur le site officiel du Jesus Family Tomb, est un des grands épigraphistes qui rejette avec grande compétence l’hypothèse de l’équipe de M. Jacobovici.
Pour terminer, permettez-moi de prolonger les dizaines d'heures de recherche et de proclamer : Jésus est vraiment ressuscité !
Emile Carp